Les
preuves de l'intérêt que le gouvernement russe porte à la Baltique
et à la route maritime du Passage du Nord-est et à son
développement sont nombreuses (développement de la flotte
militaire, déploiement de nombreux éléments de l'armée de l'air
dans la région, réaction forte de Vladimir Poutine à la suggestion
d'un scientifique russe de décréter l'Arctique comme zone
internationale...). Le nombre de brise-glaces actuellement en
construction en est une autre. Pas moins de dix nouveaux bateaux sont
prévus ou en construction (un politicien russe évoquait même le
nombre de trente navires pour les années à venir !). Ils sont
répartis en cinq classes ou projets, chacun d'eux ayant une
attribution particulière.
Les
trois très gros navires nucléaires du projet 22200 sont destinés à
remplacer les brise-glaces de la classe Arktika (seul Cinquantenaire
de la Victoire restera en service puisque lancé en 2007) mais
également ceux de la classe Vaygach. Ils opéreront ainsi
indistinctement tout au long de la Route du Nord et sur les estuaires
des grands fleuves grâce à un système de ballastage modifiant à
volonté le tirant d'eau. Leur puissance sera de 60 mégaWatts, la
durée de vie prévue de 40 ans. La construction de la première
unité, également baptisée Arktika, a débuté le 5 novembre
2013 au chantier Baltiysky Zavod de St Petersbourg (filiale du
groupe public United Shipbuilding Corporation). Sa construction
devrait durer deux ans, sa livraison est prévue pour décembre 2017.
Le coût du navire est estimé à 1 milliard d'euros.
Elle
aussi construite par Baltiysky Zavod de St Petersbourg, la première
unité de cette série à propulsion classique portera le nom de
Viktor Tschernomerdyn (1938-2010, homme politique et ancien Premier
ministre de la Fédération de Russie) et coûtera 200 millions
d'euros. Sa construction a été entamée le 10 octobre 2012, celle
de sa passerelle ayant été sous-traitée au chantier allemand
Nordic Yards. Destiné à remplacer des unités des séries Ermak et
Kapitan Sorokin, la livraison de ce navire est prévue en 2015.
Le
projet 70202
Particulièrement
innovant, voici le brise-glace du type ARC 100, à la coque
asymétrique et qui « marche en crabe ». Ces
particularités lui permettront d'ouvrir dans la glace un chenal
particulièrement large pour la navigation des navires et de
faciliter les opérations de dépollution éventuelles. Il est
construit conjointement par les chantiers Yantar de Kaliningrad et
Arctech d'Helsinki.
Le projet MPRSV
comporte lui deux bateaux d'une puissance d'environ 7 mégawatts
commandés en décembre 2012 et construits par Nordic Yards en
Allemagne. Ils seront livrés en 2015 pour être utilisés sur la
Route du Nord dont nous avons vu la création du système de
surveillance récemment. À ne pas confondre avec le projet MPSV07 (classe « Spasatel ») qui comporte plusieurs brise-glaces de sauvetage. Voir ci-dessous.
La
mer Baltique n'est pas oubliée avec le projet 21900M (3
navires).
Cette évolution du projet 21900 (qui comportait les deux navires Moscou et Saint Petersbourg) compte trois brise-glaces à propulsion Diesel conventionnelle destinés à l'ouverture des routes maritimes hivernales, au sauvetage sous toutes ses formes mais également au transport en mer Baltique. Leur utilisation estivale pourra être faite en Arctique. Leur coût unitaire est estimé à 100 millions d'euros. Les trois livraisons sont prévues pour 2015. La construction de deux navires de cette série est confiée au chantier Vyborg, celle du troisième navire sera assurée conjointement par le chantier russe Vyborg (fourniture des composants) et par le finlandais Artech d'Helsinki (assemblage, finition, essais en mer et livraison).
Cette évolution du projet 21900 (qui comportait les deux navires Moscou et Saint Petersbourg) compte trois brise-glaces à propulsion Diesel conventionnelle destinés à l'ouverture des routes maritimes hivernales, au sauvetage sous toutes ses formes mais également au transport en mer Baltique. Leur utilisation estivale pourra être faite en Arctique. Leur coût unitaire est estimé à 100 millions d'euros. Les trois livraisons sont prévues pour 2015. La construction de deux navires de cette série est confiée au chantier Vyborg, celle du troisième navire sera assurée conjointement par le chantier russe Vyborg (fourniture des composants) et par le finlandais Artech d'Helsinki (assemblage, finition, essais en mer et livraison).
Les
annonces de ces nouvelles constructions appellent plusieurs
commentaires. Sur le nombre de navires concernés d'abord : il
n'y avait jamais eu auparavant depuis l'ouverture de la Route du Nord
autant de projets simultanés de brise-glaces en construction, tous
voulus par la puissance publique russe car nous n'avons pas tenu
compte ici des éventuels projets des compagnies privées qui
feraient construire des brise-glaces pour leur usage exclusif (nous
voulons bien sur parler ici des compagnies pétrolières ou gazières
travaillant en Arctique). Autre nouveauté, ce sont donc les
chantiers russes qui sont principalement en charge de ces
constructions neuves. C'est sans surprise que Baltiysky Zavod de St
Petersbourg a obtenu la construction des navires nucléaires, le
chantier Yantar de Kaliningrad partage celle du très technique
projet 70202 avec le spécialiste finlandais. Autre étranger,
l'allemand Nordic Yards reçoit les deux bateaux de sauvetage,
techniquement avancés eux aussi ainsi que la passerelle du projet
22600. Un troisième chantier russe, Nevsky, avait bénéficié
récemment de la série des « Spasatel », brise-glaces de
sauvetage. Le temps où les chantiers finlandais construisaient, en
pratique, tous les brise-glaces mondiaux semble révolu ; leur
bureau d'études reste néanmoins, après restructuration, à la
pointe de la technologie dans ce domaine si particulier de la
construction navale.
L'actualité
du mois de décembre 2013 a été particulièrement riche. Plusieurs
événements en rapport avec les brise-glaces se sont déroulés au
cours de ce mois :
- le troisième navire de la série Spasatel (Spasatel Zaborschikov) (projet MPSV07) a été livré le 17 décembre par Nevsky Shipyard. Un quatrième bateau de ce type (Spasatel Demidov) est maintenant prévu dont la construction a été entamée en avril 2013. Le premier (Spasatel Karev) fut livré en octobre 2012, le deuxième (Spasatel Kavdeykin) en juillet 2013. (http://en.portnews.ru/news/172609/).
- logiquement, d'autres pays renouvellent également leur flotte de brise-glaces. Ainsi, la Finlande a logiquement choisi Artech pour lui fournir un nouveau navire dont la construction devrait débuter à la fin 2014 pour livraison en 2016.
- La Norvège a passé commande d'un nouveau brise-glace scientifique qui sera construit en Italie par Fincantieri ! Livré en 2017, il serait utilisé sous le nom de Prince Haakon pour la « collecte de données scientifiques ». Voila qui rappelle certaines croisières récentes effectuées par la flotte russe dans le but de « définir » son espace maritime...
- plus anecdotique (mais révélatrice d'un changement d'époque) est l'annonce faite par le chantier Baltiysky Zavod (filiale d'un groupe public) qu'il ne pouvait pas construire les deux brise-glaces nucléaires de la série 22220 pour le prix prévu (77,5 milliards de roubles) et qu'il demandait une somme supérieure (86 milliards de roubles). Le commanditaire (en pratique l'état russe) a fait savoir qu'il ne débourserait pas un rouble de plus que prévu et que le contrat pouvait être transféré à un chantier étranger. Fut un temps où les choses ne se passaient pas ainsi à Saint Petersbourg quand Moscou ordonnait...
Enfin, ce blog n'étant pas exclusivement destiné aux brise-glaces, voici quelques clichés d'autres bateaux spécialisés :
Salvamar Alpheratz |
Salvamar Canopus |
Pico del Teide |
Happy New Year to our readers.
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Voir le livre "Brise-glaces de la Route du Nord et de la mer Baltique"
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