samedi 20 octobre 2012

Nouvelles de l'Arctique

Est-ce une impression ou la réalité ? Il semblerait que les articles au sujet de la Route Maritime du Nord se fassent de plus en plus fréquents dans la presse, qu'elle soit russe ou qu'elle provienne d'autres pays, en ligne ou sur papier. Ce qui signifierait que l'actualité ou l'intérêt sur le sujet devienne de plus en plus importants. Faisons le point sur les projets en cours qui ont donné lieu à des publications récentes.

Le développement des infrastructures de la route du nord.
La construction de centres de sauvetage (qui serait dans l'esprit des Cross français) est entamée tout au long de la route. Le nombre de centres opérationnels en 2015 devrait être de dix. Les trois plus importants d'entre eux se trouveront en Sibérie et aux deux extrémités ouest (à Murmansk) et est (à Anadyr) de l'itinéraire. Sept de taille plus réduite seront répartis tout au long de celui-ci (Arkhangelsk, Naryan-Mar qui serait achevé en 2013, Vorkuta, Nadym, Dudinka and Tiksi). Un millier de personnes serait affecté au fonctionnement de ces centres dont la réalisation coûterait environ US$ 31 millions.

Le développement (voire la création) de ports est également à l'ordre du jour. Ainsi Vladimir Ilioukhine, gouverneur de la province du Kamchatka a fait savoir que «  le Kamtchatka est l’endroit idéal pour la construction d’un port à conteneurs... toutes les conditions sont réunies ». Le port de Petropavlosk est effectivement libre de glace toute l'année. A l'entrée de la mer de Bering, il pourrait apparaître comme escale idéale à des navires venant de parcourir la Route du Nord ou s’apprêtant à le faire.

Rappel sur les nouvelles constructions russes. Nous avons déjà évoqué plusieurs fois les différents projets en cours de réalisation. Petit récapitulatif destiné à éviter toute confusion :

- projet 21900M :
Le 17 octobre 2012 a été posée la première tôle du premier navire de la série, la livraison est prévue pour mai 2015 (novembre 2015 pour le second navire de la série dont la construction commencera en 2013). Il s'agit d'un navire multi-fonctions : ouverture de routes, remorquage, sauvetage et même transport de cargaison conteneurisée, tâche nouvelle pour un brise-glace. Zone d'activité : golfe de Finlande.

- projet 22220 : 
La nouvelle série de brise-glaces nucléaires destinés à permettre l'exploitation grandissante de la Route du Nord. La pose de la première tôle est prévue pour novembre 2013

- projet 22600 : 
A propulsion conventionnelle, les navires de cette série doivent également aider au développement de la Route du Nord. Lors de la cérémonie du début de construction, le premier ministre a été parfaitement clair à ce sujet : « Je compte que le navire participera à la résolution des objectifs globaux pour assurer l'activité de la Russie en Arctique, en Antarctique et dans tout l'Océan mondial. La Russie doit avoir la place qu'elle mérite dans ces études parce que n'est non seulement une question scientifique, c'est aussi la question de la présence géopolitique et, cela veut dire, de l'avenir de notre pays. » selon des propos recueillis sur le site La voix de la Russie.

- projet MPSV07 : les navires de sauvetage déjà évoqués.

Activité estivale des brise-glaces
Outre les informations sur les infrastructures, la presse a rapporté plusieurs navigations effectuées par les brise-glaces russes. L'une d'entre elles semble particulièrement révélatrice des préoccupations du moment. La détermination des limites du plateau continental (nécessaires à l'établissement des limites des eaux territoriales russes tant controversées) a fait l'objet de campagnes océanographiques auxquelles participèrent de juillet à septembre deux des brise-glaces que nous connaissons bien : Dikson et Kapitan Dranitsyn. Plus petit, Kapitan Kosolapov (de la classe "Kapitan M Izmaylov" - projet 1105 - lancé en 1976 par les chantiers finlandais de Wartsila) affrété par une compagnie privée participait à des travaux géophysiques en compagnie du Western Trident.

La Chine, avec son importance économique grandissante, n'a pas laissé passer l'occasion de faire parler. Fin septembre le brise-glace scientifique chinois Xue Long, venant d'Islande accostait à Shangaï après avoir mené plusieurs expériences scientifiques. Son retour, par la route du Nord, n'était certes pas une expérience scientifique mais plutôt une expérience… médiatique.


Peut-être un moyen « diplomatique » de faire savoir que la Chine s'intéresse aux richesses arctiques et de rappeler, qu'en ces temps de crise et de dette, elle possède technologie et liquidités à investir. En échange, entre autre, d'un siège d'observateur au Conseil de l'Arctique ?

Et puis il y a cette information « grand public ». « Un évêque russe consacre le pôle Nord » in Ria Novosti.

C'est l'évêque orthodoxe du diocèse de Naryan-Mar qui s'est prêté à la propagande officielle. Après avoir quitté Mourmansk à bord du brise-glace à propulsion nucléaire Rossyia, l'ecclésiastique a déposé au pôle une boite étanche contenant une icône et des reliques de Saint-Nicolas puis a béni le lieu. Mais, aussi anecdotique qu'elle semble, comme la pose d'un drapeau russe sur le fond de l'océan à la verticale du pôle Nord en 2007, cette information ne reflète-t-elle pas, quand on connait l'importance retrouvée de la religion dans la nouvelle civilisation russe, l'importance de l'océan arctique pour la Russie et ce que cette nation est prête à faire pour en obtenir le contrôle ?

En route vers le musée ?
Le deuxième brise-glace soviétique à propulsion nucléaire, Arktika (frère du Rossyia évoqué ci-dessus), mis en service en 1975, fut le premier navire de surface à atteindre le pôle Nord le 17 août 1977. Il fut retiré du service en 2009 et est maintenant en attente de démantèlement. Mais certains s'émeuvent de cette triste fin pour un tel navire et souhaiteraient le voir préservé et transformé en musée à l'instar de Lenine, le premier des brise-glaces nucléaires, retiré du service à la fin des années 80. les ports de Mourmansk et de Saint Petersbourg sont envisagés comme possibles lieu de retraite.

­De 1982 à 1986, le navire porta le nom de Leonid Brezhnev, ancienne gloire éphémère du défunt Parti communiste local. C'est pourquoi circule la petite anecdote (certainement inventée par la suite et rapportée sur le site Arctic Institute) de la conversation radio entre les deux brise-glaces nucléaires : « Lenine à Brejnev, m'entendez-vous ? »... Plaisanterie mise à part, il serait effectivement intéressant qu'un tel navire soit préservé.

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Tous clichés DR







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